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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/353

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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

aussi travesti, faisoit la même chose. M. de Rubentel étoit dans toutes les assemblées de l’hôtel-de-ville, pour savoir ce qui s’y passoit. Il voyoit les bourgeois qui y dévoient assister, auxquels il inspiroit de bons sentimens pour le service du Roi et pour son retour. M. de Bourbon alloit chez les colonels avec M. de La Barre son beau-frère, pour les confirmer dans leurs belles résolutions. Le père Berthod voyoit les gros marchands de la rue Saint-Denis, du Petit-Pont, et de la rue aux Foires[1] ; et tous rapportoient à M. Le Prévôt ce qu’ils avoient fait et ce qu’ils avoient vu, pour en donner avis tous les jours à la cour. Enfin on ne vit jamais tant de chaleur et tant d’empressement qu’en avoient ces négociateurs. M. Du Fay, de son côté, avoit si bien préparé l’affaire de la Bastille, et la fit voir si claire et si nette à M. de Pradelle et au père Berthod, qui s’y furent promener incognito, qu’ils reconnurent que deux heures après que la cour auroit donné son consentement, on s’en rendroit maître sans faire grand bruit ni courre aucun risque. La cour, sur cet article, écrivit qu’il ne falloit pas encore tenter l’exécution du dessein de la Bastille, parce qu’elle avoit appréhension que cela n’alarmât la bourgeoisie : mais bien loin de l’alarmer, si cette affaire se fût exécutée en ce temps-là, M. Du Fay avoit parole de la faire garder par deux compagnies bourgeoises qui commençoient de crier vive le Roi ! au lieu qu’autrefois elles crioient vivent les princes !

Le menu peuple se déclara en plusieurs endroits de la ville : dans les cabarets on crioit la paix ! on y

  1. La rue aux Foires : La rue aux Fers. (Voyez plus haut la note de la page 305 de ce volume.)