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[1652] MÉMOIRES

lui donneroit des bénéfices, et que présentement il lui feroit donner l’argent qu’il désireroit. Le père Berthod répondit qu’il étoit né serviteur du Roi, qu’il y avoit vécu, et qu’il y vouloit mourir, et que s’il avoit du bien à espérer, il le vouloit acquérir par de bonnes actions, et non pas pour avoir trahi Sa Majesté et son État.

Sur cela M. le prince de Conti renvoya le père Berthod dans son carrosse, à dix heures du soir, au couvent des cordeliers avec le père Ithier, auquel il donna ordre secrètement de le faire observer, et dit au père Berthod qu’il lui enverroit le lendemain le sieur Lenet, pour voir s’il avoit pensé à la proposition qu’il lui venoit de faire de prendre son parti, et d’abandonner celui du Roi.

Le père Berthod s’en retourne, non sans inquiétude de se voir découvert par la perfidie de ceux qui approchent de Leurs Majestés ; car M. le prince de Conti dit que dès aussitôt que le père Berthod fut sorti d’auprès de la Reine pour venir à Bordeaux, une des femmes qui étoit dans la chambre de Sa Majesté en alla avertir ceux du parti de M. le prince, et leur dit qu’on l’envoyoit à Bordeaux. Son Altesse dit encore le nom de celui qui lui avoit écrit, qui depuis pour cela, et pour d’autres plus grandes trahisons, a fini ses jours par la main du bourreau.

Le lendemain, le sieur Lenet alla trouver le père Berthod, auquel il renouvela les propositions de M. le prince de Conti, et lui dit quantité de choses pour l’obliger de les accepter. Il fut contraint de s’en retourner après lui avoir parlé environ une heure, sans tirer d’autre résolution du père Berthod que celle de ne se vouloir pas ranger du parti de M. le prince.