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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

Le sieur Lenet voyant que ce père ne vouloit point abandonner le parti du Roi, lui vint dire, après avoir fait cinq ou six conférences inutiles, qu’il pouvoit, lui père Berthod, dans la conjoncture des affaires présentes, faire lui seul la paix générale. Le père répondit que si cela étoit, qu’il s’y donneroit tout entier, pourvu que son honneur et sa conscience s’y trouvassent sauvés ; mais qu’il n’avoit pas assez de présomption pour se persuader qu’une personne comme lui dût faire une chose à quoi messieurs Servien, d’Avaux et tant d’autres plénipotentiaires n’avoient pu réussir. Lenet repartit que certainement il le pouvoit faire s’il vouloit suivre les instructions qu’il lui donneroit ; qu’en cela il serviroit le Roi, M. le prince, son parti, et qu’il donneroit le repos à tout le royaume ; et voici comme il débuta.

« La paix générale, dit-il, dépend de la Reine et de M. le cardinal, comme je vous ferai voir dans les articles que j’en ai dressés par l’ordre du roi Catholique : mais il y a cette restriction que le roi d’Espagne a donné sa parole à M. le prince qu’il ne signeroit jamais les articles de la paix que Son Altesse n’eût fait la sienne avec le roi de France. Si la Reine et M. le cardinal font la moindre démarche pour traiter d’accommodement avec M. le prince. Son Altesse viendra les bras ouverts pour donner les mains à tout ce qu’ils désireront. Sa Majesté et Son Eminence ne veulent point entendre parler de paix avec M. le prince tant qu’ils verront qu’ils auront avantage sur son parti ; au contraire, ils le pousseront le plus qu’ils pourront. Bordeaux est le seul endroit dans le royaume où Son Altesse peut se réfugier et y