Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
63
DE CONRART. [1652]

rent, et entrèrent aussi fort courageusement dans un lieu dont personne ne leur disputoit l’accès. Il y en eut qui s’amusèrent à piller quelques maisons, pendant que M. le prince menaçoit ceux qui étoient dans l’église de les faire sauter, s’ils ne se rendoient. Y étant accouru, il leur fit honte de ce pillage, et les empêcha de continuer ; puis, par l’entremise des religieux, la garnison et les habitans se rendirent à vie sauve. Le dimanche matin, on amena dans Paris environ soixante Suisses, deux à deux, qui demeurèrent prisonniers. M. le prince y revint, ayant laissé garnison dans Saint-Denis. Mais le maréchal de Turenne, dès qu’il en sut la prise, s’y achemina avec le canon, et reprit la ville aussi facilement que M. le prince s’en étoit rendu maître ; la garnison se retira dans l’église, comme avoient fait les Suisses, et elle s’y défendit quelque temps. Les habitans étoient fort affectionnés au service du Roi.

Dès le lundi matin 13, une infinité d’artisans de Paris ayant su que Saint-Denis, qu’ils considéroient comme une conquête qu’ils avoient faite, étoit attaqué par les gens du maréchal de Turenne (car ils ne pouvoient pas s’imaginer qu’ils fussent capables de le prendre en aussi peu de temps qu’ils l’avoient pris), y coururent avec leurs armes, mais un à un, et sans ordre quelconque ; de sorte que quelques compagnies de Polonais ayant été mises sur les avenues, les recevoient à grands coups de haches d’armes, et que tout le jour on en rapporta, par les portes Saint-Denis et Saint-Martin, un grand nombre de morts et de blessés. Sur le soir, le duc de Beaufort courut avec quelques compagnies de soldats ; mais ils furent