Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
[1652] MÉMOIRES

qu’un (soit qu’il fût mal informé, ou qu’il leur voulût faire peur) leur donna, que Peny venoit leur demander une déclaration précise de ce qu’ils vouloient faire, avec une suite de quinze mille hommes.

Au sortir du Palais, le président Le Bailleul et des conseillers furent attaqués, dans le carrosse du président, par des mutins qui les menacèrent de les assassiner. Cela fut cause que tous les présidens à mortier s’assemblèrent, et députèrent les présidens de Nesmond et de Novion vers M. d’Orléans, pour lui remontrer l’importance de cette affaire, et à quel point d’insolence la populace se portoit ; qu’ils croyoient bien que Son Altesse Royale ne l’autorisoit pas, mais qu’ils croyoient aussi qu’il la pouvoit empêcher de continuer ; qu’ils l’en supplioient, ou qu’autrement ils étoient contraints de lui déclarer qu’ils n’entreroient plus au Palais.

Le mardi 14, M. d’Orléans se trouva au parlement, et dit que, sur ce qui lui avoit été représenté le jour précédent, il étoit venu pour assurer la compagnie qu’il s’emploieroit volontiers à faire cesser les émotions populaires, puisque ses arrêts n’y pouvoient remédier ; qu’il reconnoissoit avec eux de quelle conséquence elles étoient, mais que pour les empêcher il étoit besoin qu’il agit avec autorité ; qu’il croyoit qu’ils dévoient ordonner qu’on s’adressât désormais à lui dans les occurrences, et qu’il leur offroit aussi de leur envoyer des gardes toutes les fois qu’ils en auroient besoin, et qu’ils lui en feroient demander. Ce discours étonna toute la compagnie, qui demeura long-temps dans le silence, chacun se regardant l’un l’autre. Enfin quelques-uns prirent la parole, entre