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SUR CONRART.

notre langue, incertaine et sans règles, ne connoissoit d’autres lois que les caprices des écrivains.

Conrart et ses amis observoient ces variations ; ils s’en entretenoient fréquemment, et se cherchoient souvent sans pouvoir se rencontrer. Ils convinrent enfin, en 1629, de se réunir chez l’un d’eux une fois chaque semaine. Cette société se composoit de Godeau, Chapelain, Conrart, Gombauld, Giry, Habert, et son frère l’abbé de Cérisy, Malleville et Serisay. Conrart leur offrit sa maison, qui devint le berceau de la nouvelle Académie. « Là, dit Pellisson, ils s’entretenoient familièrement, comme ils eussent fait en une visite ordinaire, et de toutes sortes de choses, d’affaires, de nouvelles, de belles-lettres. Que si quelqu’un avoit fait un ouvrage, comme il arrivoit souvent, il le communiquoit volontiers à tous les autres, qui lui en disoient librement leur avis[1]. » Ces commencemens de l’Académie française sont décrits avec beaucoup de vérité dans le discours que l’abbé de La Chambre prononça, comme directeur, le premier juillet 1684, à la réception de Despréaux. Ce grand poëte succédoit à M. de Bezons, conseiller d’État, qui avoit remplacé à l’Académie le chancelier Seguier[2]. Le directeur, répondant au récipiendaire, ne laissa pas échapper l’occasion de payer à Conrart le tribut de ses éloges[3]. « M. de Bezons, dit-il, s’étoit rendu recommandable

  1. Histoire de l’Académie ; Paris, 1730, tome 1, page 6.
  2. En 1643, le chancelier Seguier étant devenu protecteur de l’Académie à la mort du cardinal de Richelieu.
  3. Discours prononces à l’Académie par messieurs de La Chambre (père et fils) ; Paris, Le Petit, in-4o, page 21. Le discours d’où est tiré le passage cité y est daté du 3 juillet 1684 ; mais le registre de l’Académie porte tjue la réception de Des-