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DE CONRART. [1652]

ne se trouvoient plus en ses assemblées ; si bien qu’elles étoiont fort méprisées, même par le peuple ; et la plupart des présidens et conseillers étoient fort étonnés et fort en inquiétude. Lorsqu’elles étoient encore en vigueur, le président de Novion parlant un jour à M. le prince après que la cour se fut levée, et lui disant avec grande liberté que c’étoit lui qui étoit cause que le Mazarin étoit en France, et qu’après l’avoir maintenu pendant la guerre de Paris, il l’y avoit ramené dans le carrosse du Roi, M. le prince lui dit d’un ton de prince, et fort fier, que quand il étoit en sa place, il le considéroit comme étant d’un corps qu’il respectoit ; « mais hors de là, dit-il, vous me devez du respect : retirez-vous. » Le bruit courut qu’il lui avoit dit des paroles beaucoup plus fâcheuses ; mais celles-ci sont véritablement celles qu’il lui dit.

Le 24 mars, Camus de Pont-Carré, qui a toujours été des plus anciens frondeurs et des plus violens ennemis de la cour, alla avec quelques autres de ses confrères au palais d’Orléans ; et rencontrant M. le prince, il lui dit qu’il y avoit long-temps qu’on étoit dans une grande incertitude de la paix qu’on disoit qui se traitoit ; qu’il en devoit savoir plus de nouvelles que personne ; qu’il seroit bon que cette affaire fût terminée, et que le parlement sût en quel état elle étoit. M. le prince lui répondit fièrement qu’il étoit las de rendre compte de ses actions à de petits messieurs comme lui, qui en jugeroient à leur mode ; que quand il faisoit la guerre, on disoit qu’il vouloit ôter la couronne de dessus la tête du Roi ; que quand il proposoit quelque accommodement, on