Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 57.djvu/121

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RELATJp.N ; DU PASSAGE DU RHfN.

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Je voyois trotter celle des ennemis de l’autre côté de l’eau. Je ne pouvois concevoir, n’ayant point d’officierprincipal à la tête, qui pouvoit mener mes troupes par cet endroit, et si vite. Beaulsé, Pilois et Bligny avoient été de l’autre côté avec moi, et c’étoit un lieutenant de Bligny qui menoit cette avant-garde. Jugez de l’embarras d’un homme qui a bien disposé de tout son fait, qui vient de réussir, et à qui tout d’un coup il arrive un désordre dans un pays diiEeite, et joignant une armée de trente mille hommes Je vous avoue que je n’ai jamais tant souffert que je fis pour lors, jusqu’à ce que j’eusse attrapé la tête de mes gens. À mesure que j’en rencontrois, je n’avois d’autre raison d’eux que de me dire « Nous « voyions les ennemis sur notre droite, et nous suivions ce qui alloit K devant nous. » Quand je..fus à la tête, ils me dirent qu’on leur avoit dit que j’étois engagé par là de sorte que n’étant point arrivé de malheur, il fallut essayer d’en profiter. Pour cet enët, on chercha des passages sur le Rhin et l’on se saisit de quelques bateaux ; et remarchant avec le reste à Elten, je fis laisser des gardes fort avancées. Cependant le prince d’Orange et Wurts, qui avoient vu ce. mouvement extraordinaire, et qui savoient qu’il y avoit plus bas des gués dans le Rhin où nous pouvions passer, et des bateaux auprès de plusieurs gros bourgs dont nous pourrions nous servir, crurent qu’après avoir gagné le passage du canal nous en allions chercher un autre dans leur derrière sur le Rhin. Leur intention étoit de rompre tous les ponts du canal et dès que cela eut été fait, d’y faire passer un petit corps afin de se mettre entre Arnheim et Nimègue, pour nous chicaner quelques jours, et faire ainsi une retraite lente, donner ordre au fond de leur pays, et se faire un poste sous Utrecht. Mais le bonheur ayant voulu qu’on ait prévenu leur dessein, battu leurs gens à ta, vue d’Arnheim, et ébranlé ce qu’ils avoient derrière, ils se crurent obligés de se hâter et au lieu de ne partir d’Arnheim que le lendemain à six heures du matin, comme ils l’avoient résolu, le prince d’Orange partit avec tout son corps dès minuit.

FtN DES MÉMORKS DU MARÉCHAL DE ; GRAMONT.