Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 57.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DU MARÉCHAL DE GRAMONT. [1658]

7

été trouvé si bien fait et tellement au gré des Espagnols, qu’ils le firent traduire en latin et en allemand, puis le semèrent de tous les côtés. En un mot, cet écrit faisoit passer le Roi pour fauteur de l’hérésie, le destructeur de la religion catholique, et celui qui, contre tout droit divin et humain, au préjudice d’un prince qui lui étoit si proche, n’avoit pour but que l’établissement d’un trône que Cromwell avoit occupé par des voies si inhumaines et si tyranniques, qu’elles devoient causer de l’horreur à tous les gens de bien. L’on fit une réponse à ce mémoire telle qu’on a coutume de faire en cas pareil mais, à dire vrai, l’on connut par expérience que la vive voix dont on se servit fit un meilleur enet pour dissuader que les écritures, qui n’ont jamais tant de force.

À peu près dans le même temps que tout se passoit ainsi à Francfort, le cardinal Mazarin avoit eu la précaution d’envoyer au maréchal de Gramont et à M. de Lyonne la copie du traité que te marquis de Leyde et don Alonze de Cardenas avoient signé comme ambassadeurs du roi d’Espagne pres du Protecteur. Ils le portèrent dans l’instant aux électeurs, et les supplièrent de vouloir juger sans prévention du procédé du Roi, et de croire que Sa Majesté aussi bien qu’eux tomboit d’accord que c’étoit un grand mal de mettre Dunkerque entre les mains des Anglais ; mais qu’ils avoueroient aussi qu’il étoit moindre que celui de leur laisser prendre Calais ce que le traité fait entre le Protecteur et les ambassadeurs d’Espagne portoit expressément.

Peneranda s’inscrivit en faux contre ce traité ; mais il perdit bientôt la parole, et les bras lui tombèrent T. 5~. 9.