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dues à ces derniers témoignages d’estime et de connance qu’il lui donnoit mais sa surprise fut extrême lorsque, pour se préparer à un voyage d’un tel éclat, le cardinal ne lui donna que quinze jours de temps, lui disant qu’il le falloit faire en poste, c’est-à-dire sur des mules, n’y ayant point d’autre allure plus commode pour un homme qui marche avec plus d’un valet ; que le temps pressoit, en sorte qu’il ne se pouvoit faire autrement ; et qu’il avoit été concerté entre don Louis et lui que Sa Majesté Catholique lui donneroit ses carrosses, et des domestiques pour le servir. Le maréchal lui représenta qu’il croyoit d’un grand préjudice à la dignité du Roi si, après une si longue guerre, un ambassadeur qui alloit pour le marier paroissoit à Madrid pour annoncer la paix et demander l’Infante sans train, livrée ni suite, et qu’il y avoit de la différence entre faire la chose avec la magnificence requise en cas pareil (puisque ]e temps ne le permettoit pas), ou de paroître ridiculement dans une cour orgueilleuse et superbe, qui se croyoit au-dessus de toutes les autres, et qui depuis un temps infini n’avoit vu de Français chez elle ; mais qu’il le laissât faire, et qu’il espéroit d’en sortir à son honneur.

Dès l’heure même il dépêcha à Paris quantité de courriers qui se suivoient l’un l’autre pour Jui apporter les choses nécessaires, tant pour lui que pour une livrée qui pût paroître avec éclat. Les difîicuttés qui se rencontrèrent dans une si grande affaire que celle de donner la paix à l’Europe lui donnèrent quelques jours de plus pour se préparer ; mais il arriva qu’après avoir pris congé de Son Eminence et de