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l65O] MÉMOIRES

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Majesté fui diroit de sa propre bouche : ce qu’elle fit le lendemain par un discours si bien suivi et si obligeant, qu’on n’y sauroit rien ajouter. Après une si prompte et si favorable expédition, il prit congé du Roi et de la Reine, qui lui dit qu’elle lui vouloit faire voir les princes ses fils (qui étoient tous deux auprès d’elle), la sérénissime Infante, et la petite Infante, qui étoit vive et jolie au possible. Ce fut celle que l’Empereur épousa peu de temps après, et qui ne survécut guère à son mariage.

Ces fonctions si honorables étant achevées, le Roi, par surcroît de grâces, voulut que le maréchal assistâtà une comédie qu’il fit jouer au palais, afin qu’il eût encore plus de loisir de considérer l’Infante et d’y voir toutes les dames, où l’on eut un soin particulier de faire placer tous les cavaliers français dans les endroits les plus honorables et les plus commodes. Quant au maréchal, on le fit mettre derrière une jalousie pour qu’il fût assis, les grands d’Espagne étant toujours debout lorsqu’ils sont devant le Roi. Sa Majesté poussa l’excès de sa bonté jusques à commander qu’on fit placer les pages dans un lieu où il n’y a que les grands et les dames du palais qui aient le droit d’entrer.

Le soir, comme le maréchal se retiroit en son logis, le roi Catholique lui envoya son garde-joyaux lui porter de sa part un cordon de diamans de très-grand prix. La plupart des grands d’Espagne, à l’envi l’un de l’autre, lui donnèrent aussi des tableaux magnifiques, et les plus beaux chevaux qu’ils eussent. Peu de jours après, il fut voir Aranjuez et l’Escurial la situation du premier, ses fontaines, ses grandes