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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 57.djvu/60

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DU MARÉCHAL DE GRAMONT. [l65g

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allées en terrasse d’une lieue de long, avec deux rangs d’arbres plus beaux que tous les tilleuls que j’ai vus en Flandre, du long desquels passent les deux belles rivières du Tage et du Xarès, font un aspect admirable. Pour la maison, il n’est point de petit bourgeois aux environs de Paris qui n’en ait une plus commode, plus belle et plus ornée c’étoit pourtant un des palais favoris de Philippe n. Quant à l’Escnrial, séparément l’on peut voir de plus belles choses mais le tout ensemble compose une magnificence et une richesse surprenante.

Le maréchal de Gramont ne voulut pas partir aussi sans voir le Buen-Retire, le palais et le Prade. La maison du Retire fut bâtie par le comte duc d’Olivarès elle est assez grande, les appartemens passablement commodes, mais mal tournés, et de mauvais goût ; car les Espagnols n’en ont aucun pour tout ce qui s’appelle meubles, jardins et bâtimens. Il y avoit trois ou quatre grandes salles pleines des pins beaux tableaux du Titien et de Raphaël, d’un prix inestimable mais depuis la mort de Philippe IV, la reine sa femme prit en gré de les convertir en copies, et de faire passer en Allemagne tous les originaux, qu’elle vendit quasi pour rien.

Le palais du Roi est grand tous les appartemens sont de quinconce, et presque point éclairés. On les a bâtis de la sorte, à cause de l’excessive chaleur qu’il fait en été à Madrid. Il n’y a nul ornement dans tous les appartemens, excepté le salon, où le Roi reçoit les ambassadeurs ; mais ce qui est admirable, ce sont les tableaux dont toutes les chambres sont pleines, et les tapisseries superbes, et beaucoup plus belles que