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NOTICE
fausse dame de Sancy menoit souvent avec elle à Saint-Médard
une jolie ouvrière, qu’elle faisoit appeler mademoiselle
de Dany. Elle l’avoit comblée de présens, et
se plaisoit à la revêtir des habillemens les plus riches.
Le supérieur du séminaire de Saint-Marcel se plaignit
au cardinal grand aumônier[1] du luxe indécent que
madame de Sancy déployoit dans le lieu saint. L’ab-
fo 57. ro, du même volume. En voici quelques couplets qui sont relatifs
au pain bénit de Saint-Médard :
Sancy, au faubourg Saint-Marceau,
Est habillé comme une fille :
Il ne paroîtroit pas si beau
S’il étoit encore dans la ville.
Il est aimabie, il est galant :
Il aura bientôt des amans.
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Quand il rendit le pain bénit
Il n’epargna pas la dépense ;
Sans faire les choses à demi,
Il montra sa amagnificence :
Curé, bedeaux, furent contens.
Il aura bientôt des amans.
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Sancy, au faubourg Saint-Marceau,
Est habillé comme une fille :
Il ne paroîtroit pas si beau
S’il étoit encore dans la ville.
Il est aimabie, il est ga)ant :
Il aura bientôt des amans.
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Les quêteuses ne manquoient pas
De lui présenter leur requête ;
Elles disoient à demi bas ;
Madame est l’honneur de la fête.
Il avaloit tout leur encens.
Il aura bientôt des amans.
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Qu’on a de plaisir à le voir
Dans un ajustement extrême,
À la main son petit miroir,
Dont il s’idolâtre lui-même ;
Sa douceur ses airs complaisans !
Il aura bientôt des amans.
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Il ne sauroit rien refuser
Pourvu qu’on l’appelle madame ;
Pourvu qu’on daigne l’encenser,
Il donneroit jusqu’à son ame.
Il aime à faire des présens :
Il aura bientôt des amans.
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Il est étalé dans son banc,
Ainsi qu’une jeune épousée
Qui cherche à voir en se mirant
Si ses mouches sont bien placées ;
Il voudroit plaire à tous venans.
Il aura bientôt des amans.
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- ↑ Antoine, cardinal Barberin, grand aumônier de France, mort en
1671. Choisy dit que la plainte fut portée à M. le cardinal ; cela ne
peut s’entendre de M. de Péréfixe, archevêque de Paris. Ce ne peut donc
être que le grand aumônier.