bé de Choisy se rendit à l’audience du cardinal avec une simple robe noire ; il étoit accompagné de mademoiselle de Dany, vêtue fort élégamment. « Monseigneur, dit au cardinal la fausse dame de Sancy, je viens me justifier. Ayez la bonté de regarder mon habillement : je ne vais pas autrement à Saint-Médard. Si vous ne me trouvez pas bien, je changerai ce qu’il plaira à Votre Éminence[1] » Le cardinal, qui apparemment ne reconnoissoit pas l’abbé sous ce déguisement, répondit à madame de Sancy qu’il la trouvoit très-bien, et qu’on avoit sans doute pris mademoiselle de Dany pour elle. L’orage fut ainsi conjuré :
L’abbé de Choisy trouvoit cette vie délicieuse ; il auroit continué de la mener au milieu de Paris, s’il n’avoit pas reçu du duc de Montausier une sévère réprimande. Voici comment[2] raconte ce fait :
« M. de Montausier avoit amené M. le Dauphin à Paris à l’Opéra, et l’avoit laissé dans une loge avec la duchesse d’Uzès sa fille, pour aller faire des visites dans la ville… Madame d’Uzès m’aperçut dans une loge de l’autre côté du parterre : mes pendans d’oreilles brilloient d’un bout de la salle à l’autre. Madame d’Uzès m’aimoit fort ; elle eut envie de me voir de plus près, et m’envoya dire de la venir trouver. J’y allai aussitôt ; et l’on ne sauroit dire toutes les amitiés que le petit prince me fit. Il pouvoit avoir douze ans[3]. J’avois une robe Manche à fleurs d’or dont les paremens étoient de satin noir, des rubans couleur de rose, des diamans, des mouches. On me trouva assez jolie. Monseigneur voulut que