Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
183
DE l’ABBÉ DE CHOISY.

voient jamais ensemble en un même lieu, de peur qu’on ne les prît d’un coup de filet. Condé et Conti étoient à Paris ; Longueville étoit à Chaillot, sous prétexte d’y prendre des eaux. Il demandoit à la Reine le Pont-de-l’Arche. Il envoya un matin Priolo pour presser M. le cardinal, et lui demander quand la Reine voudroit lui donner audience. Roze, secrétaire du cardinal, fit entrer Priolo. Le cardinal lui dit que la Reine étoit fort incommodée, qu’elle ne tiendroit pas conseil ce jour-là ; mais que M. de Longueville pourroit la venir voir, et qu’elle étoit disposée à lui faire plaisir. Longueville vint l’après-dînée et dès qu’il fut au Louvre, la Reine manda aux princes de Condé et de Conti qu’elle alloit tenir conseil sur-le-champ. Ils arrivèrent un moment après, sans penser à M. de Longueville, qui y étoit déjà. Ils trouvèrent dans le grand cabinet de la Reine le cardinal, qui leur dit qu’il alloit faire une petite dépêche, et revenir aussitôt. Le chancelier Seguier, M. Le Tellier et M. Servien étoient dans le cabinet. Dès que le cardinal fut sorti, Guitaut, capitaine des gardes de la Reine, Comminges son neveu, et La Rallière, lieutenant des gardes de la Reine, y entrèrent, et allèrent faire à chacun des princes un compliment fort respectueux, en les arrêtant de la part du Roi.

M. le prince, fort ému, dit qu’au moins il vouloit dire un mot à la Reine. Le chancelier entra dans le cabinet, et en sortit un moment après pour lui dire que la Reine ne pouvoit pas lui parler. Alors il dit à Guitant : « Par où faut-il aller ? » Guitant ouvrit une petite porte au bout de la petite galerie, et lui montra un escalier dérobé fort obscur, sur lequel il y avoit