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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/187

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MÉMOIRES

des gardes avec la carabine haute. M. le prince en les voyant dit : « Guitaut, ceci a bien l’air des États de Blois. — Non, non, monseigneur, lui répondit Guitant ; si cela étoit, je ne m’en mêlerois pas. » Les trois princes descendirent, et montèrent tous trois dans le même carrosse, qui les conduisit à la porte de Richelieu, où le comte de Miossens, lieutenant des gendarmes, les attendoit avec sa compagnie. Il les mena à Vincennes, et en eut le bâton de maréchal de France : c’est le maréchal d’Albret. Le carrosse rompit en chemin ; il n’y avoit pour les escorter que quatorze gendarmes. M. le prince, pendant qu’on raccommodoit le carrosse, dit tout bas à Miossens : « Voici une belle occasion pour un cadet de Gascogne. » Il répondit : « Monseigneur, mon devoir… — Ah ! je ne vous en prie pas, interrompit M. le prince. »

Il avoit donné à souper quelques jours auparavant au cardinal. Son Éminence avoit été de fort bonne humeur, buvant et jouant comme les autres ; et même la veille M. le prince le vint voir, et lui dit qu’on l’avoit averti de plusieurs endroits que depuis quelques jours il avoit des conférences avec le coadjuteur. Le cardinal lui répondit en riant : « Si vous saviez comme il a bonne mine ce coadjuteur avec un habit de velours vert en broderie d’or, et un bouquet de plumes incarnat et blanc ! » et tourna toujours la chose en plaisanterie. Et dans le vrai le cardinal de Retz avoit un petit grain dans la tête.

Il aimoit sur ses vieux jours à conter les aventures de sa jeunesse, qu’il ornoit un peu de merveilleux. Il disoit un jour qu’il n’avoit fait la guerre de Paris que pour épouser la maréchale de La Meilleraye,