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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/262

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

demain à six heures du matin, suivant l’ordre du Roi, pour faire lever M. le surintendant, afin qu’il fût au château à sept heures du matin précises. Mais il trouva les portes de la maison gardées par les mousquetaires, qui lui dirent que M. le surintendant étoit déjà parti pour aller chez le Roi. Il vit bien alors que c’étoit un homme perdu, et fit toucher au château à toute bride. Fouquet étoit déjà au conseil ; il avoit vu les mousquetaires rangés en bataille dans la place, et avoit cru que le Roi vouloit aller à la chasse. Il monta en haut. Le conseil se tint à l’ordinaire le Roi lui demanda encore quatre-vingt mille francs pour distribuer aux officiers de la marine. Le Tellier sortit du conseil le premier, et mit dans la main de Boucherat, qui depuis est devenu chancelier, et qu’il trouva dans l’antichambre, un petit billet, en lui disant à l’oreille : « Lisez vite, et exécutez. » Boucherat étoit alors maître des requêtes et conseiller d’honneur au parlement de Paris, et faisoit les fonctions de commissaire du Roi aux États de Bretagne. Il descendit le degré, ouvrit son billet, et y lut ces mots : Le Roi vous ordonne d’aller tout-à-l’heure mettre le scellé chez M. le surintendant. Il descendoit lui-même le degré pendant que Boucherat lisoit, et en passant il lui donna le bonjour. Il monta ensuite dans sa chaise pour aller à la messe.

Cependant Artagnan capitaine lieutenant des mousquetaires, avoit eu ordre du Roi de l’arrêter au sortir du conseil, mais hors de l’enceinte du château, pour ne pas fâcher le capitaine des gardes du corps. Il l’avoit manqué d’un moment, parce qu’ayant vu descendre M. Le Tellier, il l’avoit suivi au bout de