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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/263

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MÉMOIRES

la cour, où il s’étoit allé promener sous des arbres avec La Feuillade. Il lui demanda s’il n’y avoit rien de changé : Le Tellier lui dit que non, et pendant ce temps-là Fouquet étoit passé. Artagnan tout éperdu courut dans la place qui est devant le château ; il demanda tout bas à Roze s’il n’avoit point vu M. le surintendant : Roze lui dit qu’il étoit sorti du conseil. Il alla tout courant le chercher, et le trouva dans sa chaise, qui alloit à la messe. Il lui envoya dire par Maupertuis qu’il eût bien voulu lui dire une parole. Le surintendant sortit aussitôt de sa, chaise et Artagnan sans perdre de temps lui dit : « Monsieur, je vous arrête par ordre du Roi. » Il ne parut point étonné, et lui dit seulement : « Mais, M. d’Artagnan, est-ce bien moi que vous voulez ? — Oui, monsieur, reprit Artagnan ; » et sans plus de discours le fit monter dans un carrosse entouré de cent mousquetaires, qui le conduisirent sur-le-champ au château d’Angers. Boucherat, pendant ce temps-là, se saisissoit de tous ses papiers.

Roze étoit monté dans la chambre du Roi. Il trouva à la porte Maupertuis, qui lui dit tout bas : « Monsieur, faites-moi parler au Roi. » Roze lui dit de s’adresser aux huissiers de la chambre. Maupertuis dit que les huissiers se moquoient de lui, et lui fermoient la porte au nez. Roze lui répliqua qu’il en étoit bien fâché ; mais Maupertuis lui ayant dit avec fermeté : « Hé bien, monsieur, vous en répondrez en votre propre et privé nom, » Roze eut peur, et s’avança vers la porte du cabinet du Roi. Aussitôt le marquis de Gesvres, Chamarante, et quelques autres courtisans, lui dirent que le Roi vouloit être seul. Roze ne laissa pas