Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
MÉMOIRES

de la cour à une dépense à laquelle les revenus ordinaires du royaume ne pouvoient pas suffire. Ainsi, pour conserver les grands airs qu’ils avoient pris, il fallut songer à des négociations qui leur fissent toucher de l’argent des pays étrangers. Dans ce dessein, ils tournèrent les yeux sur la France, dont l’alliance leur avoit toujours été si utile et si honorable ; et comme cette couronne paroissoit résolue a entretenir la paix avec l’Espagne, il fallut songer à des projets qui, sans obliger la Suède à rentrer en guerre ouverte pendant la minorité de son roi, pussent être assez utiles à la France pour l’engager à fournir de grands subsides. Pour cela, on proposa de faire assurer la couronne de Pologne au duc d’Enghien : on prévoyoit que du côté de l’Empereur il y auroit de grands obstacles. La Suède s’engagea par un traité à fournir un nombre considérable de troupes pour soutenir en Pologne les intérêts de la France, moyennant un subside de six cent mille écus par an. Le comte Tott reçut le premier paiement, qu’il mangea en peu de temps. C’étoit un homme bien fait, jeune, de beaucoup d’esprit, magnifique, galant, grand joueur, donnant dans toutes les dépenses ; l’air noble, et parlant mieux français que pas un courtisan : et c’est une remarque qu’on a faite que, de tous les étrangers, les Suédois sont les plus Français, ont les manières les plus aisées, et gardent moins l’accent de leur pays. Le comte Tott, fait comme je viens de le peindre, adoré et flatté des femmes, qui trouvoient leur compte avec lui, trouva assez de moyens de dépenser son argent. Les affaires s’étant depuis tournées en Pologne de manière à n’y pouvoir faire agir les Suédois, la régence