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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/283

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MÉMOIRES

La terreur de son nom l’avoit mis en état de faire valoir ses prétentions sur la ville et la province de Luxembourg, et même sur les bords du Rhin. Il s’étoit emparé de Strasbourg, il avoit acquis Casal ; et, sans tirer l’épée, en faisant donner une infinité d’arrêts par une certaine chambre établie à Metz (arrêts qu’il croyoit tous justes, sur la foi de son ministre de la guerre), il avoit reculé toutes les frontières de son royaume, et mis presque sous le joug quatre électeurs de l’Empire, et tous les autres princes voisins.

L’Empereur, se voyant engagé à la guerre contre les Turcs, dissimuloit, et promettoit aux princes du Rhin qu’un jour il les tireroit d’oppression : et cependant il avoit signé avec le roi de France une trêve de vingt ans, et l’avoit fait signer au roi d’Espagne, dont le conseil étoit entièrement gouverné par celui de Vienne.

Le roi de Pologne, fier d’avoir sauvé l’Empire en faisant lever le siège de Vienne, se préparoit à profiter de la consternation des Turcs. Il eût bien voulu attaquer la forteresse de Kaminiek, mais il n’osoit en faire le siège dans les formes, parce que l’infanterie polonaise ne vaut rien ; et il ne la pouvoit prendre par famine, parce que les Tartares y faisoient entrer de temps en temps des convois de vivres et de munitions de guerre. Il avoit envoyé des ambassadeurs à Moscow pour tâcher de faire la paix avec le Czar, et l’obliger à déclarer la guerre aux Turcs ; et il se flattoit que s’il pouvoit l’engager à faire une diversion en Tartarie, il pourroit entrer dans la Bessarabie ou Bodziac, s’emparer de Bialogrod et de quelques autres places sur la mer Noire, couper par là la com-