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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/322

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

rable dans sa grandeur, et en même temps dans sa simplicité. Les ambassadeurs siamois employèrent cinq heures à la comprendre et à la faire dessiner ; et quand j’ai demandé au gros ambassadeur, avant son départ, ce qu’il avoit trouvé de plus beau en France, il me dit qu’après les troupes du Roi et ses places de guerre, c’étoit la machine de Marly.

Cependant la révocation de l’édit de Nantes, en nous affoiblissant par la désertion d’une infinité de braves gens, en nous appauvrissant par le transport de tant de millions hors du royaume, faisoit la grandeur du prince d’Orange : il s’enrichissoit de nos pertes, car d’abord il se déclara protecteur de tous les Français réfugiés en Hollande pour la religion ; il leur accorda des églises dans toutes les villes, il donna des pensions à leurs ministres, et prit auprès de lui ceux qui avoient le plus de réputation, comme Claude et Menard. Il se servit de ceux qui savoient le mieux écrire pour répandre insensiblement dans les esprits ce qui lui convenoit ; il leur donna la permission de tenir des espèces de synodes nationaux, composés des seuls Français et après s’être assuré d’eux par la religion, il les engagea par ses bienfaits. Il obligea les États-généraux à donner aux officiers français réfugiés cent mille florins de pension qu’il distribuoit à sa fantaisie, et envoya ensuite plus de cent cinquante de ces officiers dans les garnisons ; et après leur avoir fait prêter serment de fidélité, il leur fit promettre de servir contre tous les princes du monde sans exception. Il donna des charges à tous ceux qu’il voyoit propres à entrer dans les troupes, officiers ou soldats, et leur fit avoir des emplois au-