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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/324

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

mon affaire seroit bientôt faite ; mais qu’à cause de la marine, cela étoit entièrement au pouvoir de M. de Seignelay.

Il n’en fallut pas davantage pour me mettre dans le cœur l’ambition apostolique d’aller au bout du monde convertir un grand royaume. J’en parlai au cardinal de Bouillon, mon ami dès l’enfance et, sans perdre de temps, il alla me proposer à M. de Seignelay son ami. Ce ministre lui dit qu’il venoit trop tard ; que le chevalier de Chaumont, homme de qualité et de vertu, étoit nommé ambassadeur ; qu’on avoit été assez embarrassé à trouver un homme propre à cet emploi-là ; que le chevalier de Nesmond avoit été sur les rangs, et que deux jours plus tôt mon affaire étoit faite. Le cardinal me rendit cette réponse ; mais je ne perdis pas courage les idées de missions étoient entrées trop avant. Je lui représentai que le chevalier de Chaumont pouvoit mourir en chemin, et que l’ambassade tomberoit entre les mains de quelque marin peu versé en ces sortes de matières ; que la religion en pouvoit souffrir ; que d’ailleurs le roi de Siam voulant se convertir, le chevalier, médiocre théologien, lui donneroit des instructions assez superficielles : enfin je le priai de demander pour moi la coadjutorerie du chevalier et l’ambassade ordinaire, en cas que le Roi se fît instruire dans la religion chrétienne. Il en parla au Roi, qui m’accorda ma demande, en disant : « Je n’avois pas encore ouï parler d’un coadjuteur d’ambassade ; mais il y a raison, à cause de la longueur et du péril d’un pareil voyage. » L’affaire étant réglée j’allai à Versailles chez M. de Seignelay, pour recevoir mes instructions j’entrai dans son anti-