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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/445

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MÉMOIRES

maréchal de Villeroy, âgé de plus de cent ans. Elle se préparoit à partir en poste, déguisée en homme, pour se rendre à Bordeaux, lorsque sa fille eut la petite vérole. Elle ne put pas se résoudre à la quitter en cet état-là ; et cependant la cour, qui faisoit faire de grandes perquisitions, fut avertie du lieu de sa retraite. On vint l’arrêter pour la seconde fois, pour la mener à la Bastille, d’où elle ne sortit qu’à la paix. Carnavalet y fut mis aussi, pour le punir de sa négligence. On accusa Bartet d’avoir averti le cardinal Mazarin du lieu où étoit madame de Bouillon ; et ce soupçon fut bien fortifié lorsqu’on le vit peu de temps après secrétaire du cabinet. Cependant le marquis Du Bec, qui s’étoit chargé de faire sauver les enfans de M. de Bouillon, les avoit fait partir tous quatre toujours habillés en filles, et voulut les conduire lui-même jusqu’au-delà de la Loire, où ils n’avoient plus rien à craindre. Il les mena heureusement jusqu’auprès de Blois, où le petit chevalier de Bouillon tomba malade si dangereusement, que le marquis Du Bec le confia à madame de Fléchine sa parente, qui avoit une assez belle maison près de Blois, la priant de le faire passer pour une de ses nièces. Cela n’étoit pas difficile, la beauté de son visage et la délicatesse de ses traits le pouvant fort aisément faire croire du beau sexe. Madame de Fléchine envoya chercher le sieur Bellay, fameux médecin de Blois qui est mort premier médecin de feu Mademoiselle, et fut obligée de lui dire le secret ; il le garda même à M. le duc d’Orléans, qui étoit retiré à Blois, et ne lui déclara la vérité qu’après que la paix fut faite. Le petit chevalier de Bouillon étant guéri, demeura chez madame de Ftéehine toujours