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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/468

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

aucun effet : l’exemple étoit fâcheux et récent. Le duc d’Albret, jeune, plein de feu, et d’une imagination féconde, ne désespéra pas de réussir. La conversion de M. de Turenne, que le Pape avoit regardée comme un triomphe pour l’Église, étoit une conjoncture favorable ; le siège de Candie en étoit une autre bien plus importante. Cette ville, assiégée par les Turcs depuis douze ou quinze ans, étoit fort pressée par le grand visir Coprogli ; et le Pape ne songeoit qu’à y envoyer du secours. M. de Turenne en cette occasion pouvoit le servir, auprès du Roi, qui pouvoit seul y envoyer une armée capable de faire lever le siège. D’ailleurs le duc d’Albret étoit déjà fort connu de Sa Sainteté ; il lui avoit écrit sur son exaltation au souverain pontificat ; il lui avoit dédié le recueil de ses thèses de théologie ce qui lui avoit valu, sans que le Roi s’en mêlât, le gratis de ses abbayes de Tournus et de Saint-Ouen. Il lui avoit écrit en d’autres occasions par M. le duc de Chaulnes, ambassadeur à Rome. Il résolut, pour avancer cette affaire, d’envoyer à Rome l’abbé Bigorre, qui y avoit déjà été secrétaire de l’ambassade sous le duc de Chaulnes, et qui étoit fort connu et aimé de M. de Lyonne. M. de Turenne en parla au Roi, qui fit écrire au Pape et au cardinal Rospigliosi qu’ils lui feroient un plaisir sensible d’avancer la promotion du duc d’Albret, Sa Majesté leur promettant de ne point demander d’autre chapeau à la promotion des couronnes. Le Roi eut même la bonté de le dire de sa propre bouche à l’abbé Bigorre lorsqu’il prit congé de Sa Majesté, afin qu’il en pût rendre compte au Pape. M. de Lyonne écrivit en conformité, quoiqu’il crût