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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/469

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MÉMOIRES

faire en cela des pas fort inutiles. M. de Turenne se fit prier pour en parler au Roi : il n’aimoit pas à faire le suppliant, et souvent manquoit les affaires parce qu’il ne vouloit pas se donner la peine d’y travailler. Il écrivit néanmoins au Pape pour informer Sa Sainteté, comme vicaire de Jésus-Christ en terre, de la grâce que Dieu venoit de lui faire en le faisant rentrer dans son église. Dès que l’abbé Bigorre fut arrivé à Rome, il eut audience du Pape ; et lui fit sa proposition. Sa Sainteté l’assura qu’avec une véritable joie elle comprendroit le duc d’Albret dans la promotion des couronnes, et lui fit bien des complimens pour M. de Turenne. Elle répondit à la lettre du Roi dans les mêmes termes, et s’expliqua encore plus nettement avec l’abbé de Bourlemont, auditeur de rote, qui faisoit les affaires de France en l’absence de l’ambassadeur. Le Roi, sur ces nouvelles, dit à M. de Turenne : « Il n’y a rien à espérer pour votre neveu ; mais il est bien jeune, et peut attendre. » Cette indifférence que le Roi témoigna là-dessus donna occasion au duc de Créqui, qui avoit été ambassadeur à Rome, et qui y avoit conservé quelque commerce, et au coadjuteur de Reims (ils n’aimoient pas M. de Turenne), d’écrire à leurs amis, afin sans doute que cela parvînt jusqu’aux oreilles du Pape, que le Roi ne se soucioit guère de cette affaire. L’abbé Bigorre en ayant eu çonnoissance, le manda au duc d’Albret, qui trouva moyen d’en tirer avantage. M. de Turenne et M. de Lyonne le dirent au Roi, qui renouvela ses instances avec plus de vivacité, ajoutant qu’il savoit les mauvais offices que des courtisans envieux avoient voulu rendre au duc d’Albret. Mais il