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légendes et traditions

Alors, du fond des entrailles du monstre, une voix se fit entendre qui criait : « Oh ! ma sœur, ma sœur, combien je suis malheureux dans le ventre du gros poisson ! ses viscères me brûlent. Ah ! je t’en supplie, jette au gros poisson un de tes souliers, en en retenant les cordons dans les mains, et tire-moi d’ici. »

Alors la jeune fille détacha un de ses souliers, et le jeta au monstre en en retenant dans ses mains les longs cordons. La baleine ouvrit sa grande gueule et avala le soulier. Mais le jeune homme s’en saisit aussitôt, et sa sœur tirant à elle par les cordons, elle contraignit le monstre à revomir son frère.

Il le vomit sur le rivage, plus mort que vif, mais cependant sain et sauf. Alors le monstre, courroucé de voir sa proie lui échapper, donna sur la mer un coup de queue si vigoureux que des vagues immenses en résultèrent. Elles s’élevèrent comme des montagnes, et retombant sur la terre, elles l’engloutirent, et elle fut inondée.

Seuls, les deux jeunes gens furent sauvés.

(Racontée par Sa-kρa-nétρa-wotρa, en juin 1864.)

Cette légende du déluge pourrait aussi bien s’intituler, comme on le voit, le Jonas flanc-de-chien.

Les autres tribus Dènè ne possèdent pas cette tradition, à l’exception des Peaux-de-Lièvre, du fort Bonne-Espérance, qui ont pu l’apprendre de leurs voisins flancs-de-chiens. Mais il est bon