Page:Petitot - Traditions indiennes du Canada Nord-Ouest, 1886.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
des dindjié ou loucheux

Dindjié s’étant mis à la recherche des vêtements du chasseur, il les trouva sur le rivage, car cet homme se tenait nu dans l’eau. Dindjié se cacha près des vêtements pour épier le chasseur.

Celui-ci, après qu’il eût saisi et tué tous les oiseaux aquatiques, sortit de l’eau, courut au lieu où il avait laissé ses habits et s’en revêtit.

Mais alors Dindjié, qui s’était caché jusque-là, accourant vers l’étranger, il l’embrassa, le serra et le retint entre ses bras, en lui disant :

— Il y a longtemps qu’un enfant tua son frère aîné, et se sauva après l’avoir tué. Ne serait-ce pas toi ?

— Hélas ! oui, dit l’autre. C’est moi-même.

— Eh bien ! apprends que je suis ton frère cadet, qui te cherches depuis longtemps. Maintenant que je t’ai retrouvé, je ne te quitterai plus jamais, lui dit-il.

Alors le frère aîné, qui s’était enfui et perdu, s’attrista et dit à son cadet :

— Hélas ! mon frère, je ne ressemble plus à un homme vulgaire, j’ai épousé la femme invisible et très puissante qui ne peut souffrir la présence ni la vue d’aucun autre homme que moi, et dont le flair est si subtil qu’elle perçoit les hommes de loin et leur échappe. Il est donc impossible que tu me suives. Retourne-t-en au lieu d’où tu es venu.