Mais le cadet :
— Je ne m’éloignerai pas de toi, mon frère, répondit-il. Moi aussi, je veux voir la femme invisible.
Alors les deux frères se dirigèrent ensemble vers la demeure de l’aîné, lequel, tout en cheminant, instruisit son frère cadet :
— Or sus, mon cadet, ta belle-sœur est très puissante et bien terrible. Je vais donc la questionner le premier et lui dirai : Je viens de retrouver mon frère, consens à ce qu’il demeure avec moi. Et tu agiras selon ce qu’elle me répondra.
Ainsi parla le frère aîné.
Cet homme avait épousé deux femmes superbes. L’une, l’épouse proprement dite, celle qui est assise près de la porte, s’appelait Rdha-ttsègæ (soir-femme). L’autre, la concubine, celle qui se tient au fond de la tente, s’appelait Yékkρay-ttsègæ (matin-femme).
Les deux frères étant arrivés à la maison, on entendit comme une femme qui se tenait hors la tente, tannant des peaux. On percevait le bruit du grattoir raclant la peau, on voyait remuer celle-ci ; mais la femme demeurait invisible.
Les deux frères pénétrèrent sous la tente. Il y avait là du gibier et de la viande de venaison en quantité. On y entendait des voix féminines, mais on n’y distinguait aucun être humain.