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des dindjié ou loucheux

— Où donc est-elle allée ?

Le soir, cette femme acariâtre rentra en cachant quelque chose derrière son dos.

— D’où viens-tu donc ? lui demanda son mari.

Elle ne lui répondit seulement pas.

Dindjié n’avait encore eu aucun commerce avec ses deux femmes lunaires. Il n’en avait donc pas encore eu d’enfants.

Cependant, lorsque le jour fut venu, la femme du soir disparut de nouveau, et son mari la suivit de loin.

— Où va-t-elle et pourquoi sort-elle ? se demandait-il.

Il la vit alors entrer nue dans un marais noir et infect. Là elle se tenait debout, ayant un serpent noir attaché à elle. Témoin de cette abomination, Dindjié s’en fut épouvanté, laissant en ce lieu la femme de la nuit.

Le lendemain, les deux femmes étaient encore à leur poste comme de coutume, et celle qui aimait son mari s’absenta vers le soir, à son tour. Dindjié la suivit aussi et se cacha pour l’épier. Il la vit assise nue sur un lit de gelinottes des neiges, et une foule de petites gelinottes étaient suspendues à ses mamelles qu’elles tétaient.

Revenu chez lui, Dindjié se garda bien de parler de ce qu’il avait vu, mais il y réfléchissait.