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des dindjié ou loucheux

Etρœtchokρen dormit une seconde nuit, et aussitôt, à son réveil, les membrures se trouvèrent à leur place et la pirogue construite.

Alors il la mit à l’eau, mais elle faisait eau de toutes parts. Etρœtchokρen en remonta sur son arbre, y passa une troisième nuit, et, le lendemain, le canot se trouva calfaté, couvert de ses lisses de fond, et l’aviron était aussi préparé. Alors le navigateur y entrant, il descendit le fleuve.

Au commencement, la loutre et la souris demeuraient, dit-on, ensemble. Le nautonnier arriva chez elles, et la loutre, qui était mangeur d’hommes, servit à Etρœtchokρen de quoi manger. Elle lui donna de la viande pilée qui ressemblait à de la poussière rouge. Or, c’était de la chair humaine séchée et pulvérisée par la souris.

Donc, la loutre, qui est le diable, demeurait là, et elle fit à l’homme cette défense :

— En descendant le courant, tu ne boiras point de l’eau du fleuve, mais seulement de l’eau d’un torrent qui s’y jette.

Mais la loutre voulait tromper l’homme.

Donc, le nautonnier étant entré dans son canot et cherchant ce torrent, tandis que la loutre courait le long du rivage, il cria au diable :

— Est-ce ici, le torrent ?

— Non, plus bas.

— Est-ce ici ?