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légendes et traditions

— Encore plus bas.

— Enfin, est-ce cette petite rivière que voici ?

— Non, te dis-je, c’est bien plus loin, en aval.

Etρœtchokρen continua sa route, mais bientôt il ne trouva plus dans le fleuve que des cadavres infects, des crânes, des ossements, des morts qui flottaient. Il y en avait tant et tant que cela ressemblait à des îles au-dessus de l’eau.

Et le diable courait toujours le long de la grève en suivant la pirogue. Pour l’éviter, le nautonnier passa sur l’autre rive ; mais le diable-loutre traversa le fleuve à la nage, atteignit la rive avant lui, et l’attendit de l’autre côté.

Ne sachant plus comment faire pour se frayer un passage au milieu des cadavres flottants, Etρœtchokρen dit au diable :

— Passe et repasse devant mon bateau, et fraye-moi la route.

La loutre lui obéit. Elle nageait, elle nageait au milieu des morts, et le nautonnier, pagayant d’après elle en la suivant, voguait, voguait à travers ce dédale d’îlots formés par les cadavres amoncelés. Il finit ainsi par aborder sur l’autre rive, où il campa et dormit fort longtemps.

Le lendemain, le navigateur tua deux castors et campa de nouveau. Pendant son sommeil, la loutre et le pégan pénétrèrent dans son corps par le rectum. Mais lui, se réveillant, cueillit une