Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/109

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son aide. Cependant, je ne trouve pas que la lutte que j’ai à soutenir soit finie, et que mon cœur goûte une tranquillité complète ; car plus l’espoir me rassure, plus le désir m’enflamme.


SONNET XCVIII.

Bien qu’il soit à peu près sûr de l’amour de Laure, il n’aura cependant de paix qu’elle ne le lui ait avoué.

Que fais-tu, mon âme ? À quoi penses-tu ? Aurons-nous jamais la paix ? Obtiendrons-nous jamais une trêve à nos maux ? Ou bien, aurons-nous à soutenir une guerre éternelle ? Qu’adviendra-t-il de nous ? Je ne sais ; mais, si je vois juste, ses beaux yeux ne se réjouissent point de notre mal.

— Mais à quoi cela sert-il, si avec ses yeux elle fait de nous, l’été une glace, et l’hiver un feu ? — Ce n’est pas elle qui fait cela, mais bien celui qui ordonne à ses yeux de faire ainsi. — Qu’est-ce que cela nous fait, si elle le voit et si elle se tait ?

Parfois la langue se tait, et le cœur se plaint à haute voix, et, le visage sec et joyeux, pleure, alors que ceux qui vous regardent ne le voient pas.

Nonobstant, l’esprit ne s’apaise point, et ne voit pas cesser la douleur qui s’amasse au dedans de lui. Le malheureux ne croit plus guère à l’espérance.


SONNET XCIX.

Les yeux de Laure l’ont percé d’amour, mais d’un amour pur et maîtrisé par la raison.

Jamais un nocher las n’a cherché dans le port un refuge contre la fureur des ondes tempétueuses, avec plus d’empressement que je fuis les pensées noires et