SONNET CXLIII.
La brise sereine qui, murmurant à travers les feuilles vertes, vient me frapper au visage, me fait ressouvenir du jour où Amour me fit les premières blessures si douces et si profondes ;
Et revoir le beau visage que le dédain ou la jalousie me tiennent caché ; et les cheveux tantôt roulés avec des perles et des pierreries, tantôt dénoués sur ses épaules, tantôt retombant en tresses blondes.
Et elle les déployait si doucement, puis les rassemblait avec des gestes si gracieux, qu’en y repensant, mon esprit en tremble encore.
Le temps les a tordus en nœuds plus solides et il m’a serré le cœur dans un lac si puissant, que la mort seule pourra l’en délivrer.
SONNET CXLIV.
La brise céleste qui souffle dans ce vert laurier où Amour blessa Apollon au flanc, et me mit à moi un doux joug au col, de façon que je ne puis plus recouvrer ma liberté,
Peut faire en moi ce que fit Méduse du grand vieillard maure, quand elle le transforma en pierre. Et je ne puis désormais me dégager du beau nœud par lequel non pas seulement l’ambre ou l’or, mais le soleil lui-même sont vaincus.
Je veux parler des blonds cheveux, et du lien