Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/203

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j’exciterais par mes paroles ! Si inquiète, si compatissante elle revient là où je suis, craignant que je me lasse en chemin, ou que je me tourne en arrière ou du mauvais côté.

Elle m’enseigne à aller droit au but élevé ; et moi qui entends ses chastes exhortations et ses justes prières, comme un doux et pieux murmure,

Il faut que je me plie à ses prières et que je me guide d’après elle, à cause de la douceur que je prends à sa parole qui aurait la vertu de faire pleurer un roc.


SONNET XIX.

Sennucio mort, il le prie de faire savoir à Laure son triste état.

Mon Sennucio, bien que tu m’aies laissé affligé et seul, je me console cependant, parce que, loin du corps où tu étais prisonnier et mort, tu as pris ton vol altier.

Maintenant, tu vois à la fois l’un et l’autre pôle, les étoiles vagabondes et la courbe qu’elles décrivent ; et tu vois combien notre vue est courte ; aussi ta félicité tempère ma douleur.

Mais je te prie bien de saluer dans la troisième sphère, Guitton et Messer Gino et Dante, notre Franceschino et toute cette troupe.

À ma Dame tu peux bien dire en quelles larmes je vis, et que je suis devenu une bête sauvage, en me rappelant son beau visage et ses actions saintes,