Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/204

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SONNET XX.

À l’aspect des lieux où elle naquit et où elle mourut, il étouffe avec ses soupirs sa peine amère.

J’ai rempli de soupirs tout l’air de ce pays, en contemplant la douce inclinaison des hautes collines où naquit celle qui, ayant eu dans sa main mon cœur en sa floraison et en sa maturité,

Est allée au ciel, et, par son départ subit, m’a réduit à une telle extrémité, que mes yeux fatigués la cherchant en vain loin de ce monde, ne laissent auprès d’eux aucune place à sec.

Il n’est pas de buisson ni de rochers dans ces montagnes, pas de branche ou de vert feuillage en ces plaines, pas de fleur ou de brin d’herbe en ces vallons,

Il ne vient pas une goutte d’eau dans ces sources, et ces bois n’ont pas de bêtes si sauvages, qui ne sachent combien ma peine est acerbe.


SONNET XXI.

Il reconnaît maintenant combien Laure était sage en se montrant sévère envers lui.

Ma sublime flamme, belle entre les plus belles, et à qui ici-bas le ciel fut si ami et si favorable, est retournée trop tôt pour moi dans son pays et vers l’étoile sa pareille.

Maintenant, je commence à me réveiller, et je vois qu’elle a agi pour le mieux en résistant à mon désir, et en tempérant par un regard doux et sévère ces ardentes volontés juvéniles.

Je lui en rends grâce, ainsi qu’à sa haute sagesse,