Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/211

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beautés réunies en elle, qui pendant longtemps firent de moi à leur volonté ?

Où est l’ombre gentille du bienveillant visage qui donnait la fraîcheur et le repos à mon âme lasse, et sur lequel mes pensers étaient tous écrits ?

Où est celle qui eut ma vie dans sa main ? Combien elle manque au misérable monde, et combien elle manque à mes yeux qui ne seront jamais secs !


SONNET XXXII.

Il envoie à la terre, au ciel, à la mort, ce bien sans lequel il ne peut vivre.

Combien je te porte envie, avare terre, qui tiens dans tes bras celle dont la vue m’est ravie, et qui me dispute l’aspect du beau visage où je trouvai la paix de toutes mes guerres !

Combien j’en porte au ciel qui enferme, retient, et a si avidement recueilli en lui-même l’esprit délivré des beaux membres, et qui s’ouvre si rarement pour d’autres !

Combien d’envie à ces âmes qui ont maintenant en partage sa sainte et douce compagnie, que je cherchai toujours avec tant de désir !

Combien à l’impitoyable et dure mort, qui ayant éteint en elle ma vie, demeure en ses beaux yeux et ne m’appelle pas !


SONNET XXXIII.

Il revoit Vaucluse, que ses yeux reconnaissent ; mais non son cœur.

Vallée qui es pleine de mes lamentations, fleuve qui t’accrois souvent de mes pleurs, bêtes des bois, oiseaux vagabonds, et vous, poissons que retient l’une et l’autre rive verdoyante ;