Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/290

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Puis, quand l’hiver vient rafraîchir l’atmosphère, les soleils tièdes, les jeux, les mets exquis, et la molle oisiveté qui envahit les cœurs faibles.

C’était la saison où l’équinoxe fait que le jour l’emporte sur la nuit, et où Progné avec sa sœur retourne à ses doux travaux.

Ô instabilité de notre destin ! C’est dans l’endroit, dans la saison et à l’heure où il réclame un plus large tribut,

Que voulut triompher celui que le vulgaire adore. Et je vis à quel servage, à quelle mort, à quelle ruine va quiconque devient amoureux.

Les erreurs, les songes et les sombres imaginations entouraient son char triomphal, et sur le seuil de son palais se tenaient les fausses opinions.

Par les escaliers on voyait l’espérance lubrique, le gain mal acquis et le dommage utile, et des degrés où plus on monte, plus on se trouve avoir descendu.

On y trouvait le repos pénible, l’agitation tranquille ; le déshonneur éclatant et la gloire obscure ; la loyauté perfide et la perfidie fidèle ;

La fureur diligente et la raison paresseuse ; il y avait une prison où l’on arrive par des voies larges, et d’où l’on sort à grand’peine par des chemins étroits.

On y descend par une pente rapide, on en sort par une montée pénible. Au dedans, habite la confusion aux allures troubles, et mêlées de douleurs assurées et de joies incertaines.

Jamais Vulcain, Lipari ou Ischia, le Stromboli ou le Montgibello n’ont bouillonné avec tant de rage. Il s’aime bien peu, celui qui se risque à une telle aventure.