Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/294

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La pitié et le désir combattaient en moi ; il m’eût été doux d’avoir une telle compagne de captivité, et dur de la voir périr d’une telle façon.

Mais la vertu qui n’abandonne jamais les bons, montra à quel point ont tort ceux qui la délaissent et se plaignent d’autrui.

Car jamais maître d’armes ne fut si habile à éviter un coup, ni nocher si prompt à détourner un navire d’un écueil pour le faire entrer au port,

Que ce beau visage fut prompt à se recouvrir d’un intrépide et honnête bouclier contre le coup si rude et si funeste à qui ose l’attendre.

Je me tenais dans l’attente, et les yeux fixés sur l’issue du combat, espérant que la victoire resterait à celui à qui elle était d’habitude, et dans mon désir de ne plus être séparé de ma dame,

Comme celui qui veut démesurément une chose l’a écrite, avant même de parler, sur le front et dans les yeux,

J’allais dire : « — Mon Seigneur, si tu es vainqueur, enchaîne-moi avec celle-ci, si tu m’en crois digne ; et ne crains pas que jamais je ne me sauve d’ici. — »

Quand je le vis si plein de rage et d’indignation, si courroucé que les plus grands génies, à plus forte raison le mien qui est si petit, succomberaient à le dire.

Car déjà sur cette froide honnêteté étaient venus s’éteindre ses traits d’or, allumés au feu de l’amoureuse beauté et trempés dans le plaisir.

Jamais ne déployèrent une valeur aussi vraie, Camille ni les autres amazones qui marchaient au combat, ayant seulement conservé le sein gauche.

César montra moins d’ardeur à Pharsale contre son