Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/298

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la douce saison. Il prit à main droite et aborda en terre ferme.

De là, passant entre le mont Barbara et l’Averne, antique séjour de la Sibylle, il s’en alla droit à Linterne.

Dans une si étroite et si solitaire bourgade était le grand homme à qui l’Afrique a donné son nom, parce que le premier il l’entr’ouvrit jusqu’au vif avec son épée.

Là, la grande nouvelle du triomphe de Laure, triomphe qui n’était pas diminué à être vu de près, plut à tous ; et la plus chaste était ici la plus belle.

Et il ne déplut pas de suivre le triomphe d’un autre, à celui qui, si ce qu’on en croit n’est pas un vain bruit, n’était né que pour triompher et pour commander.

Ainsi nous arrivâmes à la cité souveraine, et nous allâmes tout d’abord à ce temple consacré par Sulpicia pour chasser de son esprit une flamme insensée.

Puis nous passâmes au temple de la Pudeur, qui allume en tout cœur noble les honnêtes désirs, et dédié non à la plèbe, mais à la race patricienne.

Là, la belle victorieuse étala les glorieuses dépouilles ; là elle déposa les lauriers sacrés de sa victoire.

Et le jouvenceau Toscan, qui ne cache point les blessures que lui fit un fer non suspect, fut commis à la garde de l’ennemi commun,

Ainsi que plusieurs autres, qui avaient fait à Amour une éclatante résistance. Et mon compagnon, du mieux qu’il sut, me dit le nom de quelques-uns d’entre eux,

Parmi lesquels je vis Hippolyte et Joseph.