Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


TRIOMPHE DE LA MORT

Ô aveugles ! à quoi sert de tant vous donner de peine ? Vous retournez tous à la grande mère antique, et c’est à peine si l’on retrouve la trace de votre nom.
(Triomphe de la Mort, ch. Ier)

CHAPITRE I.

Dans ce chapitre, Pétrarque décrit le retour de Rome en Provence de Laure victorieuse. Il dit comment sur sa route elle rencontra la Mort, et quel entretien elle eut avec cette dernière. Il entre dans une digression sur la vanité des choses mondaines, à propos de la multitude de ceux qui meurent en pleine puissance. Puis il raconte la mort de Laure.

Cette belle et glorieuse Dame, qui n’est plus aujourd’hui qu’un pur esprit et qu’un peu de poussière, et qui fut autrefois une colonne de haute valeur,

S’en revenait de cette guerre couverte d’honneur, heureuse d’avoir vaincu le grand ennemi qui dompte tout l’univers par ses artifices,

Et cela avec la seule arme d’un cœur pudique, d’un beau visage, de vertueuses pensées, d’un langage prudent et ami de l’honnêteté.

C’était un miracle tout nouveau que de voir les armes brisées de l’Amour, l’arc et les flèches avec lesquelles il a tué les uns et fait les autres prisonniers.

La belle Dame et ses compagnes choisies, revenant de leur noble victoire, marchaient serrées autour d’un beau drapeau.

Elles étaient peu nombreuses, parce que la véritable