Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/311

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sphère du ciel m’élevait à un tel amour, où qu’il fût, stable et immobile. — »

« — Or, quoi qu’il en soit — dit-elle — j’en tirai un honneur qui me suit encore ; mais le plaisir de m’entendre t’empêche de voir que l’heure s’enfuit.

« Vois l’Aurore qui ramène aux mortels le jour de son lit doré ; vois le Soleil qui est déjà sorti de l’Océan jusqu’à la ceinture.

« L’Aurore vient nous séparer, et j’en souffre. Si tu as autre chose à dire, efforce-toi d’être bref, et mesure tes paroles au temps qui te reste. — »

« — Autant j’ai souffert autrefois, autant — dis-je — votre langage suave et léger m’a causé de douceur et de joie ; mais la vie sans vous m’est dure et lourde.

« Donc, je voudrais savoir, Madame, si je dois vous suivre bientôt ou tardivement. — » Elle, déjà levée pour partir, dit : « — À ce que je crois,

« Tu ne resteras pas longtemps sur la terre sans moi. — »