Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/351

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Et qu’il crie : je brûle d’un noble désir avec mon maître qui n’a pu me suivre et qui, de n’être pas ici, se ronge et languit.


SONNET XI.

À Stefano Colonna, pour qu’il poursuive le cours de sa victoire contre les Orsini.

Annibal vainquit et ne sut pas ensuite bien employer sa fortune victorieuse. Donc, mon cher Seigneur, prenez garde qu’il ne vous en arrive autant à vous.

L’ourse, mise en rage à cause de ses oursons qui trouvèrent en mai une dure nourriture, se ronge en elle-même, et aiguise ses dents et ses ongles pour venger sur nous ses désastres.

Pendant que sa douleur encore nouvelle lui trouble le cœur, ne déposez pas votre glorieuse épée ; au contraire, allez là où vous appelle

Votre fortune, droit par le chemin qui peut vous donner, mille et mille ans encore après la mort, honneur et renommée en ce monde.


SONNET XII.

Sur le mérite de Malatesta, qu’il veut rendre immortel en écrivant sa louange.

Le mérite attendu qui fleurissait en vous quand Amour commença de vous livrer bataille, produit maintenant un fruit égal à cette fleur, et qui a réalisé mon espérance.

Aussi mon cœur me dit d’inscrire dans mes ouvrages quelque chose dont votre nom acquière du prix, car nulle part ailleurs on ne grave aussi solidement pour faire de marbre une personne vivante.