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Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/313

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pas, ajouta-t-il, qu’une de nos plus célèbres beautés se meurt d’amour pour toi cela pourrait, mon cher Encolpe, nous servir quelque jour. Donc, joue bien ton rôle d’amoureux : pour moi, je soutiendrai jusqu’au bout celui que j’ai assumé. »

CXL. HISTOIRE DE PHILUMÈLE, MÈRE DE FAMILLE

Il parlait encore quand nous vîmes entrer une dame des plus respectables, nommée Philumèle, qui, dans son jeune âge, avait spéculé sur ses charmes pour extorquer mainte succession, qui maintenant, vieille et flétrie, introduisait son fils et sa fille auprès des vieillards sans héritiers et, se succédant ainsi à elle-même, continuait à étendre le champ de ses opérations.

Elle venait donc trouver Eumolpe pour confier à sa prudente direction ces deux enfants, son unique espérance, et pour se mettre avec eux sous sa bienveillante protection. Il était, à l’en croire, le seul homme au monde capable de dresser les deux jouvenceaux en les faisant profiter des conseils quotidiens de son expérience. Elle déclara, en terminant, désirer les laisser dans la maison d’Eumolpe pour qu’ils pussent profiter de ses moindres paroles, seul héritage qu’elle fût en état de leur assurer. Et elle le fit comme elle le dit ; elle nous confia une fille fort belle et un jeune éphèbe, et s’en fut, sous prétexte de se rendre au temple pour s’y acquitter d’un vœu.

Eumolpe, qui était si confit en vertu qu’il m’eût facilement traité comme on traite les jeunes garçons, ne voulut pas perdre un moment pour inviter cette fille à une partie de fesses conforme aux rites. Mais il avait dit à tout le monde qu’il souffrait de la goutte aux pieds et d’une