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Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/52

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pour le moins verrions-nous quelques exemples de la justice divine ou humaine sur ses débauchés. Tant s’en faut, le seul homme de bien qu’il ait introduit, le pauvre Licas, marchand de bonne foi, craignant bien les dieux, périt misérablement dans la tempête au milieu de ces corrompus, qui sont conservés. Encolpe et Giton s’attachent l’un avec l’autre pour mourir plus étroitement unis ensemble, et la mort n’ose toucher à leurs plaisirs. La voluptueuse Triphène se sauve dans un esquif avec toutes ses hardes ; Eumolpe fut si peu ému du danger qu’il avait le loisir de faire quelque épigramme. Licas, le pieux Licas, appelle inutilement les dieux à son secours ; et à la honte de leur providence, il paye ici pour tous les coupables. Si l’on voit quelquefois Encolpe dans les douleurs, elles ne lui viennent pas de son repentir. Il a tué son hôte, il est fugitif, il n’y a sorte de crime qu’il n’ait commis ; grâce à la bonté de sa conscience, il vit sans remords ses larmes, ses regrets ont une cause bien différente : il se plaint de l’infidélité de Giton, qui l’abandonne ; son désespoir est de se l’imaginer dans les bras d’un autre, qui se moque de la solitude où il est réduit. Jacent nunc amatores obligati noctibus totis, et forsitan mutuis lubidinibus attriti, derident solitudinem meam.

« Tous les crimes lui ont succédé heureusement, à la réserve d’un seul, qui lui a véritablement attiré une punition fâcheuse ; mais c’est un péché pour qui les lois divines et humaines n’ont point ordonné de châtiment. Il avait mal répondu aux caresses de Circé, et à la vérité son impuissance est la seule faute qui lui a fait de la peine. Il avoue qu’il a failli plusieurs fois, mais qu’il n’a jamais mérité la mort qu’en cette occasion. Enfin, sans m’attacher au détail de toute l’histoire, il retombe dans le même crime et reçoit le supplice mérité avec une parfaite résignation. Alors il rentre en lui-même et connaît la colère des dieux :

« Hellespontiaci sequitur gravis ira Priapi.