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Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/53

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« Il se lamente du pitoyable état où il se trouve, funerata est pars illa corporis, qua quondam Achilles eram ; et pour recouvrer sa vigueur, il se met entre les mains d’une prêtresse de ce dieu avec de très bons sentiments de religion, mais en effet les seuls qu’il paraisse avoir dans toutes ses aventures. Je pourrais dire encore que le bon Eumolpe est couru des petits enfants quand il récite ses vers ; mais quand il corrompt son disciple, la mère le regarde comme un philosophe ; et couchés dans une même chambre, le père ne s’éveille pas, tant le ridicule est sévèrement puni chez Pétrone, et le vice heureusement protégé. Jugez par là si la vertu n’a pas besoin d’un autre orateur pour être persuadée. Je pense qu’il était du sentiment de Bautru : « Qu’honnête homme et bonnes mœurs ne s’accordent pas ensemble. Si ergo Petronium adimus, adimus virum ingenio vere aulico, elegantiæ arbitrum, non sapientiæ[1].

III. Pétrone et Néron. — « On ne saurait douter que Pétrone n’ait voulu décrire les débauches de Néron, et que ce prince ne soit le principal objet de son ridicule, mais de savoir si les personnes qu’il introduit sont véritables ou feintes ; s’il nous donne des caractères à sa fantaisie, ou le propre naturel de certaines gens, la chose est fort difficile, et on ne peut raisonnablement s’en assurer. Je pense, pour moi, qu’il n’y a aucun personnage dans Pétrone qui ne puisse convenir à Néron. Sous Trimalcion, il se moque apparemment de sa magnificence ridicule et de l’extravagance de ses plaisirs. Eumolpe nous représente la folle passion qu’il avait pour le théâtre : Sub nominibus exoletorum fæminarumque, et novitate cujusque stupri, flagitia Principis prescripsit ; et par une agréable disposition de différentes personnes imaginées, il touche diverses impertinences de l’Empereur et le désordre ordinaire de sa vie.

  1. En abordant Pétrone, nous abordons un auteur plein d’urbanité, un arbitre de l’élégance, non de la sagesse.