Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/151

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La nature tout entière se nourrit
du lait pur du soleil ;
lui aussi se change en flamme
et brûle aujourd’hui ce qu’il protégeait hier.
Toutes nos rivières
n’ont pas le lit qu’il leur faudrait ;
voyons-nous cette chose effrayante
si elles dévastaient impitoyablement la terre ?
Les saisons et la destinée humaine
sont deux images de la plus grande folie !
Sans ordre aussi est la plus profonde science
du rêve humain : les aïeux et les enfants ; —
est-ce la vraie cause dont l’énigme nous échappe ?
Est-ce réellement ainsi,
nos propres yeux ne nous trompent-ils pas ?
Le monde cherche quelque activité,
le devoir engendre quelques soucis,
la défense est liée avec la vie !
La nature arme tout
contre une force supérieure,
contre la nécessité, contre l’insuffisance ;
l’orge pointue défend l’épi,
les ronces empêchent de cueillir la rosé ;
il y a beaucoup de dents aiguisées
et beaucoup de cornes pointues ;
l’écorce, les ailes, l’agilité des jambes,