Et les hommes des esprits de l’enfer.
Triste jour de Vidov-dan[1], et triste destinée !
Ô mes pauvres Serbes exterminés !
J’ai survécu à toutes vos misères
Et maintenant je lutte avec de pires encore !
Oui, si l’on brise la tête du corps,
Dans la souffrance les membres fidèles meurent.
Peste humaine[2], que Dieu t’extermine !
N’as-tu pas assez de la moitié de l’univers
Que tu as empoisonné avec ton venin ?
Faut-il encore que ce poison de ton âme infernale,
Tu veuilles le vomir sur cette pierre noire ?
Est-ce donc une proie de rien cette grande Serbie[3],
Qui s’étend du Danube jusqu’à la mer bleue[4] ?
Tu occupes un trône injustement conquis,
Tu t’enorgueillis d’un sceptre sanglant,
Tu insultes le Dieu du saint Autel ;
À la place de la Croix brisée se dresse ton minaret,
Mais cette croix dont tu persécutes l’ombre même,
Les Serbes l’emportent et la cachent
Au fond des montagnes en souvenir de leur héroïsme
Et pour leur éternelle consolation.
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