La famille infernale[1] dévora tous les peuples,
un peuple par jour comme le hibou les oiseaux :
Mourad[2] la Serbie, Bajazet la Bosnie,
Mourad l’Épire, et Mahomed la Grèce,
Deux Sélim : l’Égypte et l’Afrique.
Tous ont pris quelque chose, il ne reste plus rien !
Ce qui se fait est terrifiant à entendre !
Le monde est petit pour le gouffre de l’enfer,
Il ne peut se rassasier, encore moins se fatiguer !
Yanko[3] défend Vladislav[4] mort ;
Pourquoi le défend-il puisqu’il ne le sauve pas ?
Skender-bey eut un cœur d’Obilitch,
il mourut pourtant en pauvre exilé. —
Mais que fais-je et avec qui suis-je ?
J’ai peu de bras et une force fragile ;
Je suis un brin de paille au milieu des tourbillons,
Un orphelin triste et seul au monde !
Mon peuple dort d’un mortel sommeil,
Et je n’ai personne pour essuyer mes larmes ;
Le ciel est fermé au-dessus de ma tête,
Il n’écoute ni mes gémissements ni mes prières.
Le monde est devenu pour moi un enfer,
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