Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/49

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Pour ne pas aviver ainsi ses blessures
Et ne pas l’empoisonner amèrement par le chagrin.


(Tous se taisent, personne n’ose parler.)


Nuit avec un clair de lune : les hommes sont assis autour des grands feux, le kolo chante sur la grande aire.


LE KOLO


Personne n’a bu un verre de miel
sans l’avoir aigri par un verre de fiel ;
un verre de fiel demande un verre de miel,
mélangés ils se boivent mieux.
Bey, Ivan-bey[1], la souche héroïque,
luttait comme un lion contre les Turcs
de tous les côtés, dans les monts sanglants ;
les Turcs lui prirent la moitié de ses terres,
après l’avoir toute arrosée de sang,
et après lui avoir tué son frère,
le dragon furieux voïvode Ouroch,
sur la large plaine de Tchémovo.

  1. Ivan Tzrnoyévitch, un des princes de la Zéta. Les Turcs lui ont donné le titre de bey, et ce titre lui reste parmi les Serbes.