Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/64

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ils commencèrent à plaisanter selon leur habitude,
disant qu’un de leurs ancêtres
avait construit un moulin,
où il n’y avait ni mare ni ruisseau ;
après l’avoir construit, on a pensé à l’eau !


VOUK MANDOUCHITCH


Ma belle-sœur devint folle,
on ne pouvait la tenir sans l’attacher.
Je fis ouvrir pour elle les livres des prophètes,
les uns disaient : « Un chien a gratté là où elle a marché[1] »,
les autres : « Elle est ensorcelée ».
Je l’ai menée dans tous les monastères,
on consacra pour elle les saintes huiles,
je suppliais le diable dans tous les monastères
qu’il lâche ma belle-sœur Angèle,
je l’abjurais — rien ne fit !
Alors je pris une triple cravache,
Je la battis tant que la chemise entra dans la chair,
le diable se sauva ailleurs sans se retourner
et ma belle-sœur Angèle fut guérie[2] !

  1. Croyance populaire : on devient malade si on marche sur l’endroit de la terre fraîchement grattée par un chien ou un renard.
  2. Toutes ces allusions visent les Turcs qu’il faut battre.